jeudi 21 décembre 2017

"We out... We out..."

Vous souvenez-vous d'Eugen Horo, jeune artiste contemporain noir et berlinois à propos duquel les critiques d'art et autres universitaires les plus influents ne tarissaient pas d'éloges il y a un peu moins d'une décennie  ? Considérant ses œuvres picturales de-ci comme « l'union ultra-contemporaine et miraculeuse du Sezessionsstil et du pop art », de-là comme autant de chaînons manquants entre celles de Klimt et Basquiat ; ils l'avaient quasiment sacré Petit Prince de la peinture contemporaine ! Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il avait disparu de la circulation à l'aube d'une carrière artistique s'annonçant sensationnelle ? Et bien pour découvrir ce qu'il s'est réellement passé, il faut remonter dans le temps, en mars 2009 pour être exact.

Eugen Horo prépare à cette période sa nouvelle exposition personnelle, la suivante de Good Old Garden God, celle qui lui a valu ce fameux succès critique. Pour s'amuser de l'état de grâce médiatique qu'il vit mais aussi afin de s'approprier toutes ces louanges et comparaisons difficiles à porter, il décide de manière un peu espiègle d'intituler cette nouvelle exposition 'I'm Schiele Like Dat', rapport au trio hip-hop Digable Planets, leur chanson Rebirth Of Slick (Cool Like Dat) et, bien entendu, à ce sacré peinturlureur d'Egon.
Suite au vernissage, présentant des all-overs et mixed media aux titres inspirés par des films de blaxploitation, les critiques tombent, et elles sont assassines.
Elles sont toutes assassines.
Et l'exposition est un échec public. 
Ainsi, après cette débandade, Eugen disparaît de la scène artistique internationale pour plusieurs années... 

Des années plus tard, il apprend les raisons de ce soudain et surprenant désaveu. Il s'avère que ces intellectuels, à l'époque, non seulement n'avaient pas compris la blague, mais en plus l'avaient prise plutôt au sérieux, assez au sérieux pour se réunir secrètement en portant capuches en pointes (hommage à Guston se défendirent-ils plus tard) et iPhones 3GS en mode app lampe-torche dans la pénombre du niveau -5 du Deutsch Guggenheim, pour prendre la décision unanime de descendre sciemment en flamme l'artiste, son œuvre et, pourquoi pas, sa réputation. Tout cela pour lui donner une bonne leçon d'humilité car, voyez-vous, cette mauvaise presse, c'était pour lui remettre les pieds sur terre à ce petit arrogant !

Aujourd'hui Eugen Horo est de retour. Dans deux semaines c'est le vernissage de sa toute nouvelle exposition personnelle, la première d'envergure depuis toute cette affaire,une véritable renaissance !

Elle s'intitule I Am Not Your George Negrosz.

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